Président Vertut - Let's take a shower together
L’affaire commence par une invitation tout droit sortie des sixties : Let’s take a shower together. Happening, communauté, débridage des moeurs dans une version déceptive ultra- contemporaine, une forme de dénégation relationnelle qui sous-tend plusieurs pièces de l’exposition. Le cube vacille, le néon est caché dans un recoin obscur, les dessins sont accrochés trop haut, l’accès aux oeuvres est entravé. Si, à l’instar de Tom Burr ou Sterling Ruby, le Président Vertut revisite les canons du minimalisme et du conceptualisme, son intervention consiste à déposer un film sémantique neuf, qui recouvre délicatement les modélisations originales. Processus opérant également dans le détournement des fumetti ou des date paintings. De sa relecture caustique de quelques pièces emblématiques des années 60 et 70, il dégage un saisissant condensé de cinquante ans d’art contemporain, articulé selon un axe temporel à deux voies, où circulent en sens inverses formes et concepts, courants artistiques et critique sociale. Des croisements redoublés de forme, contenu et analyse émergent des agglomérats polysémiques qui constituent alors un ensemble fortement cohérent. Jusqu’au choix des supports, les nombreux media ici convoqués, qui reflète parfaitement les postulats théoriques à l’oeuvre. Survient alors la question centrale du travail du Président Vertut : la question de l’appropriation. Dans sa façon d’ingurgiter, littéralement si l’on pense à la vidéo The Big Roast, pour mieux regorger l’objet art contemporain, il met en boucle un processus linéaire. Le cube, Sans Titre (Le cul, c’est fini.), le néon, Subprimes, la peinture, Time is Money, la sculpture, The Swiss Reward, la vidéo même, Bankers & Mash, dans sa facture low-tech sont autant de brillantes citations à indices variables. C’est la suite de dessins, The Great Business’n’All Swindle, qui vient investir l’installation dans sa totalité et stabiliser l’inflation référentielle. Par sa trame narrative et son sens du grotesque, elle permet à l’artiste de dépasser les limites tautologiques de son propos formel et de nous entraîner à sa suite sous une douche initiatique.