Stéphane Detruche - Les monts analogiques
TMproject a le plaisir de présenter en première vision l’installation cinéma 16mm de Stéphane Detruche (Genève 1970-) intitulée Les Monts Analogiques. Depuis le milieu des années 90, au sein du collectif Massimo Gruppo puis du duo Loopmatic, fondé avec Caroline Suard, l’artiste expérimente des formes cinématographiques non-linéaires. Ses performances de cinéma expérimental élargi ont été présentées dans de nombreux centres d’art et festivals à travers toute l’Europe. L’installation de type cinéma élargi, en 16 mm, est une multi projection, où les films en boucles, de durées variables, influencent la composition de l’image qui évolue aléatoirement. De multiples assemblages, collages, superpositions s'opèrent sans fin, les fondus s'enchaînent, les séquences alternent, les images se multiplient, les mouvements s'opposent, s'inversent, s'intègrent. Chaque écran devient un tableau où le cinéma, art de la lumière et du mouvement, finit par composer une grande fresque mouvante que l’œil humain ne pourrait saisir sans ce stratagème. Le cinéma sort ainsi de ses applications habituelles (divertissement, documentaire, formation ou souvenirs de famille) pour devenir le support d’une mise en scène émotionnelle autonome. La plasticité particulière des films de Stéphane Detruche résulte du dispositif de projection et des multiples interventions directes sur la pellicule. Dans la lignée de Stan Brakhage, Jürgen Reble ou du groupe Metamkine, son travail porte sur l’élément matériel constitutif : le celluloïde. Il attaque littéralement l’émulsion à coups de traitements chimiques pour virer les couleurs, exploser le grain, tendre à craquer le support, triturer chaque photogramme jusqu’à la quasi abstraction. Dans ses travaux récents, l’usage de la caméra occupe un rôle nouveau dans le processus de création. Elle introduit un vocabulaire filmique plus classique, plus serein. Echantillonnage, mise en boucles, manipulations des vitesses de défilement contribuent à leur tour à la distorsion de ce cinéma privilégiant la sensation. Montagne sacrée, neige éternelle, rapace en piqué, autant de visions fugitives qui nous invitent à repenser les certitudes, immuabilité, stabilité, puissance majestueuse, accrochées aux flancs de nos monts où brille un soleil sans rémission.